Fiche Ma’ale Adumim
1. Un avant-poste, devenu la principale colonie israélienne
1975 : 23 familles du mouvement israélien Gush Emunim créent un avant-poste dans les faubourgs est de Jérusalem. 1992 : 1ère colonie à obtenir le statut de ville. Aujourd’hui : plus grande colonie israélienne avec une population de plus de 40 000 colons.
2. Une localisation stratégique
Le choix du lieu –à l’est de Jérusalem, sur des terres palestiniennes confisquées s’étendant jusqu’à la région de Jéricho - répond à plusieurs objectifs :
- encercler Jérusalem Est de manière à entraver son développement en démantelant le bassin d’emploi et de population Jérusalem-Ramallah-Bethlehem.
- séparer le nord de la Cisjordanie du sud et entraver la circulation sur l’axe majeur reliant Jérusalem-Est à Amman.
- obliger les Palestiniens à vivre dans des enclaves séparées ; déstructurer leur société et les pousser au départ.
Comme les autres colonies, Ma’ale Adumim est située sur la crête d’une colline de manière à mieux surveiller et contrôler la population palestinienne.
4. Rôle capital joué par l’Etat
La naissance et le développement de Ma’ale Madumim doit tout l’état israélien. Grâce aux plans d’expansion successifs, sa classification en zone de développement prioritaire et l’injonction massive de capitaux publics, Ma’ale Adumim :
- dispose d’un territoire supérieur à celui de la municipalité de Tel Aviv, égal à la moitié de Paris. La densité de la population y est 20 à 30 fois moindre que dans les villes/villages palestiniens avoisinants.
- a réussi à attirer des dizaines de milliers de colons et près de 200 entreprises, séduits par le cadre de vie agréable et verdoyant, les incitations financières et la large gamme de services offerts.
Des services exclusivement réservés aux colons
- Services scolaires et de santé de qualité ;
- Centre commercial et équipements sportifs avec terrains de tennis, basket-ball…
- Plusieurs piscines dans une région où le manque d’eau est criant (l’Etat d’Israël est propriétaire de toutes les réserves hydrauliques contenues dans le sous-sol des Territoires occupés).
- Réseau routier moderne, construit sur des terres confisquées aux Palestiniens, avec plusieurs lignes de bus reliant de manière express Jérusalem à Tel Aviv.
- Zone industrielle très bien connectée, dotée des réserves foncières les plus importantes de la région de Jérusalem.
5. Entreprises : avantages financiers très conséquents
- Subventions égales à 24 % de la valeur des équipements et des nouvelles constructions.
- Exemption totale d’impôt sur les bénéfices durant les 2 premières années, ramenée à 25 % durant les 5 années suivantes.
- Réduction d’impôt via la dépréciation accélérée des équipements et du matériel.
- Exemption totale de l’impôt sur les bénéfices non distribués durant 10 ans.
- Taxes municipales égales à 50 % de celles acquittées par les entreprises industrielles installées à Jérusalem.
- Prix attractifs du foncier.
6. Personnes physiques : incitations financières très avantageuses
Conditions hypothécaires privilégiées et aides multiples favorisant l’accession à la propriété. Le prix d’une maison avec jardin est ainsi très inférieur à celui d’un petit appartement à Jérusalem ou Tel Aviv
Subventions qui réduisent le prix des services publics, notamment le transport et l’eau.
7. L’envers du décor : spoliation et refoulement des Palestiniens
Les techniques appliquées à Ma’ale Adumim pour s’emparer des terres et faire place nette sont les mêmes que celles utilisées ailleurs en Cisjordanie.
Un taux record d’accaparement des terres privées
- Recours à divers moyens pour empêcher les habitants des agglomérations palestiniennes voisines - Abu Dis, El ’Eizariya, Isawiya, Anata - de cultiver leurs terres. Puis activation d’une loi ottomane du 19ième siècle pour s’en emparer. L’ONG La Paix Maintenant estime que 86,4 % du territoire de Ma’ale Adumim appartient à des familles palestiniennes.
- Attribution du statut de « Terres d’Etat » aux terres domaniales non cultivées, situées sur les sommets des collines.
- Confiscations additionnelles, opérées sous prétexte d’assurer la sécurité des colons et de l’ensemble des Israéliens. Avec la construction du Mur, c’est 10 % de plus du territoire palestinien qui passe aux mains des Israéliens [1] sans parler des terres utilisées pour construire les routes de contournement réservées aux colons et installer les 500 postes de contrôle et les 200 autres obstacles à la circulation .
Destruction des maisons et expulsion des Palestiniens
Le déplacement n’est pas chose nouvelle pour les Palestiniens. Avec l’expansion de Ma’ale Adumim et la construction du Mur et des routes de contournement, de nombreux habitants des villes/villages avoisinants ont dû quitter leurs maisons détruites. Il en a été de même pour les tribus bédouines des Jahalin et des Sawahareh, obligés de partir par la force ou des actes d’intimidation.
8. L’envers du décor : traitement discriminatoire des Palestiniens
Les colons de Ma’ale Adumim jouissent des mêmes droits et sont soumis aux mêmes législations qu’en Israël, à l’instar des 500 000 colons installés en Cisjordanie.
Les Palestiniens : plus de 2500 ordres/règlementations édictés par l’administration militaire [2] règlent jusqu’aux moindres détails de leur vie quotidienne. En cas d’infraction –y compris celle qui relèverait du code pénal s’agissant d’un colon - ils sont déférés devant un tribunal militaire. Ce dispositif législatif et judicaire constitue une autre facette des pratiques mises en œuvre par les autorités israéliennes pour poursuivre leur projet de colonisation et empêcher les Palestiniens de vivre dans la liberté et la dignité au sein de leur Etat souverain.